Surtourisme, tourismophobie : réconcilier le tourisme et les habitants avec le tourisme équitable

10 Jan 2025 -
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Le tourisme est une source de découverte, d'échanges culturels et de plaisir. Mais ces dernières années, des concepts comme le "surtourisme" ou la "tourismophobie" ont jeté une ombre sur cette activité.

De nombreux touristes craignent aujourd’hui que leurs voyages aient un impact négatif sur les destinations qu’ils visitent.

 

Comprendre le surtourisme

Le surtourisme est un phénomène complexe qui décrit une situation où l’activité touristique exerce une pression insoutenable sur une destination. Cela peut se traduire par une dégradation de l’environnement, une saturation des infrastructures, des distorsions des prix (renchérissement du coût de la vie, difficultés croissantes des habitants à se loger dans des zones attractives), une prédation des ressources (par exemple, l’eau est utilisée pour les hébergements touristiques au détriment de l’agriculture) ou un mal-être chez les habitants locaux, qui peuvent se sentir dépossédés de leur patrimoine, transformés en attraction touristique.

Le surtourisme est souvent associé à des destinations célèbres comme Venise, Barcelone ou Santorin, mais touche de plus en plus de territoires. Le surtourisme dégrade aussi l’expérience des voyageurs : les lieux visités perdent de leur authenticité, les interactions avec les habitants font l’objet d’une mise en scène commerciale et les occasions de découvrir la culture quotidienne locale se font plus rares.

Il est important de distinguer le surtourisme d’autres termes connexes :

  • Tourisme de masse : il s’agit de l’organisation du tourisme à grande échelle, souvent à bas prix. Bien qu’il puisse contribuer au surtourisme, ce n’est pas systématiquement le cas. Ainsi, les stations balnéaires ou de montagne, ou encore les parcs d’attraction, ont contribué à démocratiser l’accès aux vacances. Bien planifiées, ces destinations permettent de concentrer les services touristiques et de privilégier les mobilités douces (venir en train et se déplacer à pied ou à vélo sur place). Elles offrent aux vacanciers un cadre idéal pour se reposer et se divertir en famille.
  • Surfréquentation : ce terme décrit des périodes précises où une destination accueille un nombre excessif de visiteurs, comme lors de festivals ou en haute saison. Ces pics de fréquentation sont souvent des situations temporaires et peuvent être gérés par une bonne organisation, ce qui requiert des autorités publiques locales de mettre en place des moyens adéquats (sécurité, gestion des flux, gestion des ressources, infrastructures temporaires…).

Contrairement à ces phénomènes ponctuels ou structurels, le surtourisme dépend avant tout de la gestion de la destination, de l’implication des habitants dans les décisions et des inégalités économiques liées à l’activité touristique. Si l’accueil d’un petit nombre de touristes engendre des nuisances ou des déséquilibres dans une destination, alors on peut déjà parler de surtourisme. Au contraire, une organisation touristique à l’initiative des habitants, qui préserve durablement les ressources naturelles, et avec un partage équitable des retombées économique permettra d’accueillir davantage de touristes tout en conservant la satisfaction de la population résidente.

 

La tourismophobie, un rejet compréhensible mais pas irréversible

Face au surtourisme, une réaction croissante émerge dans certaines destinations : la tourismophobie. Ce terme décrit une hostilité envers les touristes, perçus comme des perturbateurs ou des envahisseurs. Elle peut se manifester par des protestations ou par des messages explicites (comme des graffitis « Tourists go home »).  Parfois, les touristes sont perçus de manière relativement positive, mais uniquement à travers leur capacité à dépenser de l’argent, ce qui conduit à une marchandisation systématique de l’accueil et à une sensation de gêne pour les voyageurs.

Cependant, cette aversion n’est pas irrémédiable ! Elle reflète souvent un manque d’équilibre dans les bénéfices et les inconvénients du tourisme. Par exemple, si les revenus générés par les activités touristiques ne profitent qu’à une minorité (grandes chaînes hôtelières, tour-opérateurs internationaux), les habitants peuvent éprouver un sentiment d’injustice. Le tourisme est alors perçu à juste titre par les habitants comme une activité subie et non choisie.

Pour contrer ce malaise, il est crucial de développer des formes de tourisme qui respectent les besoins des populations locales tout en offrant aux voyageurs des expériences enrichissantes.

 

Une solution : le tourisme équitable

 

Face à ces problèmes, le tourisme équitable émerge comme une alternative prometteuse.

Le tourisme équitable est une approche qui vise à concilier les aspirations des populations locales avec les désirs de découverte et de partage des voyageurs. Concrètement, cela signifie :

  1. Co-construction des séjours : les voyagistes équitables travaillent en collaboration avec les communautés locales et à leur initiative pour créer des circuits qui répondent à leurs besoins et respectent leur culture.
  2. Relation équilibrée : les habitants participent activement aux décisions concernant le tourisme et bénéficient directement des revenus générés.
  3. Impact limité : les séjours sont pensés pour minimiser les effets négatifs sur l’environnement et la société.

Les avantages pour les voyageurs

En choisissant un voyagiste labélisé « Tourisme Équitable » par l’Association pour le tourisme équitable et solidaire (ATES), vous bénéficiez de plusieurs garanties :

  • Expérience authentique : vous découvrez une destination à travers les yeux de ses habitants, en accédant à des activités et des lieux hors des stéréotypes.
  • Contribution positive : votre séjour soutient directement les économies locales, par exemple en logeant chez l’habitant ou en achetant des produits artisanaux.
  • Respect mutuel : vous êtes accueillis dans un climat de confiance et de respect mutuel, éloignant ainsi les tensions liées à la tourismophobie.

Ainsi, parmi les offres de voyages labélisées Tourisme Equitable :

  • Les hébergements sont tenus par des familles locales, qui reçoivent une juste rémunération.
  • Les séjours incluent des rencontres avec des artisans ou des agriculteurs, permettant d’apprendre sur leur savoir-faire, mais aussi des moments simples de discussion et de découverte de la vie quotidienne, sans artifice.
  • Une partie des revenus, le fonds de développement, finance des projets collectifs décidés et gérés par la communauté d’accueil permettant l’amélioration des infrastructures locales.

Comment participer à ce changement ?

Si vous souhaitez voyager tout en respectant les populations locales et l’environnement, voici quelques conseils pratiques :

  1. Privilégiez les voyagistes engagés : favorisez les voyages labélisés Tourisme Equitable. Vous vous assurerez ainsi de visiter des destinations et des hôtes qui ont choisi et sont ravis de vous accueillir ! Les voyages équitables privilégient des périodes et des lieux moins fréquentés, ce qui réduit la pression sur les infrastructures.
  2. Informez-vous sur votre destination : les voyages labélisés tourisme équitable comprennent tous une sensibilisation des voyageurs en amont de leur séjour pour les aider à comprendre les enjeux locaux et à adopter une attitude respectueuse.

Le surtourisme et la tourismophobie ne sont pas une fatalité. En adoptant une approche plus équitable et respectueuse, il est possible de réconcilier les habitants et les voyageurs. Le tourisme équitable, en faisant alliance avec les populations locales, offre une solution concrète et durable. En choisissant ce type de voyage, vous devenez un acteur du changement, en construisant un tourisme qui profite à tous.

Alors, pourquoi ne pas tenter l’expérience lors de vos prochaines vacances ?

 

Les séjours labellisés tourisme équitable

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