Comment reconnaître un séjour de volontourisme ?

15 Sep 2025 -
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Avec une montée en popularité croissante depuis le début des années 2000, le volontourisme est une forme de voyage associant tourisme et engagement volontaire. Cependant, les dérives liées au volontourisme sont multiples et engendrent plus de mal que de bien auprès des populations concernées.

Qu’est-ce que le volontourisme ?

Conjuguant à la fois tourisme et volontariat, le terme « volontourisme » apparaît pour la première fois dans les années 1990 aux États-Unis. La contraction des mots “tourisme” et “volontariat” a donné ce néologisme, qui permettait de définir cette nouvelle forme de voyage plébiscitée par les touristes en quête de sens, et désireux de mettre de leur temps au profit d’une cause durant leur voyage.  

Aujourd’hui, le volontourisme est souvent confondu avec le tourisme solidaire. Pourtant, ils sont très différents. En effet, le tourisme solidaire remet la rencontre au centre du voyage, et promeut le développement local par le biais de choix touristiques qui sont équitables et raisonnés.
A contrario, le volontourisme met l’accent sur le voyageur comme devant aider, et même parfois “sauver” les populations locales grâce à sa participation à un projet de volontariat, souvent créé de toutes pièces à but lucratif.
 

> En savoir plus sur le volontourisme 

 

Le volontourisme et ses dérives

Si les intentions sont nobles et l’intérêt grandissant, notamment chez les 18-35 ans, le volontourisme est une forme de voyage aux dérives nombreuses et souvent mal comprises des voyageurs.
Les offres de volontourisme sont souvent accessibles à tous et toutes, sans conditions de diplôme ou d’expériences pré-requises. Ainsi, les organismes à but lucratif proposant des missions de volontourisme diverses et variées fleurissent depuis une quinzaine d’années, proposant des missions de toutes durées, pour toutes destinations et pour des prix exorbitants, souvent très éloignés du coût réel d’une mission sur place.  

Ainsi, on assiste à une véritable marchandisation du volontariat, sous couvert d’intentions louables. Qui plus est, cette marchandisation est d’autant plus exacerbée pour les missions s’exerçant auprès d’enfants. Comme l’explique France Volontaires, il existe d’une part un vrai manque de réglementation dans une grande partie des pays où se déroulent ces missions. Par ailleurs, on constate une marchandisation autour de ces missions. Cela amène par exemple à la création de faux orphelinats, dans le simple objectif d’attirer les volontaires.  

> Le volontourisme : en total décalage entre nos intentions et la réalité 

 

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Attention : la durée du séjour n’est pas un critère définissant du volontourisme. En effet, de nombreux séjours touristiques proposent dans leurs circuits une journée ou une demi-journée de bénévolat ou d’action solidaire, souvent pour donner une bonne conscience aux voyageurs. Cependant, aussi courte cette action soit-elle, elle peut aussi être qualifiée de volontourisme si elle pratique les mêmes principes pernicieux.
Il est donc essentiel de prêter attention au projet en question, et de s’assurer qu’il ne corresponde pas à un séjour de volontourisme également.
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Comment reconnaître un séjour de volontourisme : les 4 signes qui ne trompent pas

Vous souhaitez effectuer un volontariat, tout en évitant de tomber dans le piège du volontourisme ? Il existe des signes avant-coureurs que le projet de volontariat que vous convoitez cache une réalité plus sombre.  


Un tarif très élevé

Les séjours de volontourisme proposent des tarifs particulièrement excessifs. Il n’est pas rare de voir des organismes à but lucratif proposer des séjours de deux semaines pour un coût minimum de 2000 € par personne hors vol.
Dans ce tarif, une part minime est allouée à des projets locaux avec une véritable utilité sur place. 


Une absence de compétences ou de qualifications

Les offres de volontourisme ne demandent jamais de qualification ou des compétences pour pouvoir postuler. Ainsi, les volontaires ne disposent souvent d’aucune formation ou diplôme adéquat pour les missions assignées. Qu’il s’agisse d’enseignement, de projets de construction ou de soins médicaux, aucune formation n’est demandée ou dispensée sur place.

→ Les conséquences 

  • Un recours presque systématique à des volontaires au lieu d’employer de la main d’œuvre locale qualifiée 
  • Des risques en termes de sécurité, aussi bien au niveau des volontaires que des populations sur place : manque de formations, mise en danger de la vie d’autrui… 


Une terminologie trompeuse, utilisée à des fins marketing

Les offres de volontourisme sont très fréquemment présentées comme des “voyages, séjours ou missions humanitaires”. De même, les partenaires locaux sont présentés comme des “associations”. En réalité, la majeure partie des partenaires locaux pour les séjours de volontourisme sont des sous-traitants touristiques, qui tirent parti de l’utilisation des termes “association” et “humanitaire”.  

→ Les conséquences 

  • Une utilisation opaque des fonds payés par les volontaires. Une infime partie est reversée à des projets locaux, le reste servant uniquement à des fins mercantiles. 
  • L’illusion du don associatif, qui cache en réalité une fraude fiscale via le détournement de statuts associatifs. 
  • Des projets montés de toutes pièces pour attirer des volontaires, sans réels impacts sur place 


Un impact limité ou inexistant
 

Les séjours de volontourisme créent une dépendance aux volontaires étrangers en affaiblissant l’économie locale. En effet, pour de nombreux projets, l’emploi d’un travailleur qualifié local pourrait être privilégié.
Mais on constate également la création de projets dans l’unique but d’attirer des volontaires : création de faux orphelinats, chantiers de peinture… 

Pour éviter de tomber dans le piège du volontourisme, il est important de se renseigner sur les acteurs locaux sur place. Il faut aussi se renseigner sur l’évolution du projet, et si une transparence sur l’utilisation des fonds est mise en avant.  

 

Nos conseils pour éviter le volontourisme, et choisir le bon projet de volontariat

  • Choisissez des programmes transparents où les coûts sont expliqués, avec une part directe reversée aux partenaires. 
  • Cherchez des preuves d’impact réel, comme les retombées économiques, les témoignages des bénéficiaires…  
  • Renseignez-vous sur l’organisme derrière le projet : privilégiez ceux reconnus pour leur éthique, leur transparence, et leur expertise réelle. 
  • Évitez les organisations qui utilisent l’engagement comme argument marketing. 
  • Favorisez des projets où les communautés locales sont au cœur de la conception : définition des besoins, mise en œuvre et retombées financières. 
  • Demandez un rapport ou retour d’impact : quelles sont les retombées pour la population locale ? Comment sont gérées les ressources ? 
  • Soutenez plutôt des initiatives de tourisme équitable et solidaire : où l’économie est équitablement partagée, les communautés sont impliquées et valorisées, et les pratiques respectueuses sont appliquées 

 

Pour aller plus loin

> Tourisme solidaire : mythe ou engagement réel ? 

> Un voyage humanitaire, synonyme d’un voyage solidaire ?

> Attention au volontourisme