Conjuguant à la fois tourisme et volontariat, le terme « volontourisme » apparaît pour la première fois dans les années 1990 aux États-Unis. La contraction des mots “tourisme” et “volontariat” a donné ce néologisme, qui permettait de définir cette nouvelle forme de voyage plébiscitée par les touristes en quête de sens, et désireux de mettre de leur temps au profit d’une cause durant leur voyage.
Aujourd’hui, le volontourisme est souvent confondu avec le tourisme solidaire. Pourtant, ils sont très différents. En effet, le tourisme solidaire remet la rencontre au centre du voyage, et promeut le développement local par le biais de choix touristiques qui sont équitables et raisonnés.
A contrario, le volontourisme met l’accent sur le voyageur comme devant aider, et même parfois “sauver” les populations locales grâce à sa participation à un projet de volontariat, souvent créé de toutes pièces à but lucratif.
> En savoir plus sur le volontourisme
Si les intentions sont nobles et l’intérêt grandissant, notamment chez les 18-35 ans, le volontourisme est une forme de voyage aux dérives nombreuses et souvent mal comprises des voyageurs.
Les offres de volontourisme sont souvent accessibles à tous et toutes, sans conditions de diplôme ou d’expériences pré-requises. Ainsi, les organismes à but lucratif proposant des missions de volontourisme diverses et variées fleurissent depuis une quinzaine d’années, proposant des missions de toutes durées, pour toutes destinations et pour des prix exorbitants, souvent très éloignés du coût réel d’une mission sur place.
Ainsi, on assiste à une véritable marchandisation du volontariat, sous couvert d’intentions louables. Qui plus est, cette marchandisation est d’autant plus exacerbée pour les missions s’exerçant auprès d’enfants. Comme l’explique France Volontaires, il existe d’une part un vrai manque de réglementation dans une grande partie des pays où se déroulent ces missions. Par ailleurs, on constate une marchandisation autour de ces missions. Cela amène par exemple à la création de faux orphelinats, dans le simple objectif d’attirer les volontaires.
> Le volontourisme : en total décalage entre nos intentions et la réalité
______
Attention : la durée du séjour n’est pas un critère définissant du volontourisme. En effet, de nombreux séjours touristiques proposent dans leurs circuits une journée ou une demi-journée de bénévolat ou d’action solidaire, souvent pour donner une bonne conscience aux voyageurs. Cependant, aussi courte cette action soit-elle, elle peut aussi être qualifiée de volontourisme si elle pratique les mêmes principes pernicieux.
Il est donc essentiel de prêter attention au projet en question, et de s’assurer qu’il ne corresponde pas à un séjour de volontourisme également.
______
Vous souhaitez effectuer un volontariat, tout en évitant de tomber dans le piège du volontourisme ? Il existe des signes avant-coureurs que le projet de volontariat que vous convoitez cache une réalité plus sombre.
Les séjours de volontourisme proposent des tarifs particulièrement excessifs. Il n’est pas rare de voir des organismes à but lucratif proposer des séjours de deux semaines pour un coût minimum de 2000 € par personne hors vol.
Dans ce tarif, une part minime est allouée à des projets locaux avec une véritable utilité sur place.
Les offres de volontourisme ne demandent jamais de qualification ou des compétences pour pouvoir postuler. Ainsi, les volontaires ne disposent souvent d’aucune formation ou diplôme adéquat pour les missions assignées. Qu’il s’agisse d’enseignement, de projets de construction ou de soins médicaux, aucune formation n’est demandée ou dispensée sur place.
→ Les conséquences
Les offres de volontourisme sont très fréquemment présentées comme des “voyages, séjours ou missions humanitaires”. De même, les partenaires locaux sont présentés comme des “associations”. En réalité, la majeure partie des partenaires locaux pour les séjours de volontourisme sont des sous-traitants touristiques, qui tirent parti de l’utilisation des termes “association” et “humanitaire”.
→ Les conséquences
Les séjours de volontourisme créent une dépendance aux volontaires étrangers en affaiblissant l’économie locale. En effet, pour de nombreux projets, l’emploi d’un travailleur qualifié local pourrait être privilégié.
Mais on constate également la création de projets dans l’unique but d’attirer des volontaires : création de faux orphelinats, chantiers de peinture…
Pour éviter de tomber dans le piège du volontourisme, il est important de se renseigner sur les acteurs locaux sur place. Il faut aussi se renseigner sur l’évolution du projet, et si une transparence sur l’utilisation des fonds est mise en avant.
> Tourisme solidaire : mythe ou engagement réel ?